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Les mailles des mots
La proue
Caressé par ton ombre aux reflets d’encre bleue
Tu arpentes mon rêve avec assiduité
Ton regard me pourfend de docile acuité
Sur des plaines rougies où jamais il ne pleut
Ta peau a les replis du drap de mes pensées
Et des serpents rosés s’endorment sur tes bras
J’imagine une soie ornée de fins cobras
Qui pourraient aisément se remettre à danser
Es-tu reine ou offrande aux dieux de mon futur
Incomparable proue d’un vaisseau de bois pur,
La colombe posée sur un bel amandier ?
Chaque geste ébauché ravive les étoiles
Qui ruissellent au fond de mes yeux irradiés
Tu m’as rendu la vue en écartant les voiles
Dis moi
Dis-moi l'amie,
L'homme est-il un
Amant de mai,
Allumé, mais
L’Attila du lit
Doit-il à tout prix
Etre l’outil,
Là tout de suite,
Au risque de décevoir,
Au risque de se voir
Aspiré par
Le trou des fuites,
Et trop de cuites,
Trop de départs,
Mal luné mais malicieux,
Animé d'anonymes hymnes,
Le stylo sur la page blanche
Est-il archange de vos hanches ?
Et sous le feu des envieux,
Dans le creux de leurs paradigmes,
Ne serais-je qu'un peu moins vieux
A l'étincelle de tes yeux ?
L’espoir
Mange orange,
Consomme pomme,
Enrubanne banane,
Arrose raisin,
Prend prune,
Puise cerise,
Lèche pêche,
Baise fraise,
Brique abricot,
Croise framboise,
Oins coings,
Mord mure,
Laisse poire.
Un rêve
Pourquoi dans cette nuit qui, depuis ton départ,
S'interrompt le matin pour reprendre le soir
Viens-tu poser sur moi tes doigts et ton regard,
Tes lèvres qui sourient quand je tente d'y boire ?
Le désir est voleur, l'espoir est assassin,
Et dans un rêve chaud ta bouche sur mon cou,
Ma bouche dans ta bouche, la douceur de tes seins
Sont autant de potions que l'on fait prendre aux fous.
Ton rire se promène et tes jambes graciles,
Tes yeux de soir d'été, lagons bordés de cils
Survolent ma nuit bistre en jetant des éclairs.
Pose toi en mon sein et rentrons dans le temple,
Jetons sur des coussins, d'un geste doux mais ample,
Nos corps à l'abandon, bercés de rythmes clairs.
On
On est seul
On recherche
On se trouve, on s’émeut.
On s’attire
On s’éprend
On s’embrasse, on se veut.
On court
On se poursuit
On se fuit, on se cache.
On s’aime
On se désire
On se prend, on se lâche.
On rit
On se chérit
On se blesse, on se lasse.
On sème
On se méprend
On se pousse, on se casse.
On crie
On se déchire
On oublie, on se donne.
On chante
On se respire
On chemine, on fredonne.
On dort
On se regarde
On caresse on effleure.
On pleure, on se dévore, on se mord, on se meurt.
L’apaisement
Et si je te serrais dans mes bras au dedans
Et si ma bouche était toute autour de tes dents
Et si mes mains passaient sur ton corps à dessein
et si je me penchais pour embrasser tes seins
Et si tu caressais ma peau déconcertée
Et si tu modifiais textures et fiertés
Et si tu promenais ta bouche tout autour
Et si je t’avais vue dans tes plus beaux atours
Alors peut être que nous voguerions ensemble
Alors imaginons la furie la douceur
Moi je dessinerais l’été qui te ressemble
Allongé dans les blés je n’aurais plus qu’à vivre
Toi tu te donnerais et dominerais l’heure
Cherchant l’apaisement qui trouble mais délivre
La mouche
Je voudrais être pluie et couler sur ta peau
Je voudrais être lit entrouvert à propos
Je voudrais être nuit et bercer ton repos
Je voudrais être nid perché sur ton chapeau
Je voudrais être mouche afin de mieux t'épier
Je voudrais être bouche et boire ou tu as bu
Je voudrais être douche revigorante et drue
Et puis être babouche enveloppant ton pied
Je serais tout cela et plus encore ma belle
Je serais ce héros que le devoir appelle,
Une pièce d'argent sonnante dans ta poche,
Pour chanter ta beauté, le battant d'une cloche
Un arbre centenaire à l'ombre bienvenue,
Un miroir hésitant à te contempler nue.
Tu dors
La lune s'est couchée comme une offrande pale
Gobée par quelque dieu perclus d'accablement
Les replis de la nuit comme un chat, comme un châle
Ondulent sur ta peau à l'instar d'un amant.
Ce visage mi-clos de porcelaine sombre
Évoque les secrets d'une reine inconnue
Un silence et tes yeux sont, dans notre pénombre
Autant de paravents devant ton âme nue.
Tu sembles dialoguer dans un rythme d'ailleurs
Avec un océan que ton souffle domine
Et voguer doucement au grès de ses humeurs.
Quand tu t'éveilleras, et selon tes caresses,
Je serai, à ton choix, sur cette huile marine,
Phare au bout de ton quai ou navire en détresse.
Gavez vous
Paix et joie se récoltent,
Les abeilles virevoltent
Chatoyantes couleurs,
Qui égayent nos heures,
Reprenez du bonheur,
A la louche, à la bouche
Gavez-vous.
Bavez-vous ?
Car le beau, le sublime
Se cherche dans l’abime.
Si vous vous gobergez
De fleurs et de vergers
De rosée, de fruits murs
Vous risquez c’est le hic
De choper la colique.
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